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Enseigner le français en Espagne ? Daniel enseigne le français en Espagne depuis 3 ans avec un programme de professeur assistant. J’ai désiré l’interviewer pour partager son expérience avec vous car c’est une possibilité intéressante de pouvoir nouer le voyage et le côté professionnel tout en vivant une expérience culturelle très riche.
Vouloir enseigner le français en Espagne
Merci Daniel d’accepter de faire cette interview et de partager ta belle aventure pour enseigner le français en Espagne avec les lecteurs de Traversée d’un monde.
Tout d’abord, peux-tu te présenter et nous en dire un peu plus sur toi ?
Bilingue français/espagnol depuis ma tendre enfance, mes principales passions sont les langues et les voyages. Ayant grandi dans une famille chilienne en Belgique, j’ai toujours été sensible aux sujets linguistiques et culturels. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui aiment beaucoup voyager et qui m’ont transmis leur goût pour l’aventure et l’exotisme.
Lorsqu’ils m’ont proposé de choisir une destination dans le monde à la fin des primaires, je me suis décidé pour le Yemen, et ils ont accepté. Maintenant, à 27 ans, mon amour pour les voyages et les langues n’a fait que croître, et j’espère pouvoir continuer dans cette lancée!
De quelle manière es-tu parti enseigner le français en Espagne ?
J’ai eu échos de la possibilité d’enseigner le français en Espagne à travers une amie, alors que j’étais sur le point de terminer mes études en langues et littératures françaises et romanes.
Mon amie avait reçu un mail de l’UCL (Université Catholique de Louvain – Belgique) proposant aux jeunes diplômés de partir enseigner le français en Espagne en tant qu’assistant, dans une école secondaire ou un centre de langues.
Même si l’idée la tentait au départ, elle n’a pas voulu postuler car il ne s’agissait que de douze heures de travail par semaine, ce qu’elle jugeait trop peu. Quant à moi, qui adore avoir du temps libre, j’ai sauté sur l’occasion !
Pourquoi avoir choisi l’Espagne plutôt qu’un autre pays ?
Au départ, je comptais partir comme assistant de langue française en Allemagne. Je voulais perfectionner mon allemand, que j’ai étudié dans le cadre de ma mineure à l’UCL. Je n’avais toujours pas de réponse à ma postulation en Allemagne quand j’ai su que je pouvais partir en Espagne avec un autre programme d’assistanat.
Une semaine plus tard, j’étais accepté dans les deux pays. La différence est que j’avais pu choisir la région en Espagne, alors qu’on m’avait imposé une petite ville dans un coin isolé en Allemagne.
Même si l’Espagne n’allait pas être un grand défi au niveau linguistique, étant donné mon bilinguisme, la ville où l’on m’avait placé était située au bord de la Mer méditerranée… L’attrait des belles plages et du soleil l’a emporté sur mes ambitions professionnelles.
Comment as-tu appris l’espagnol ?
Mes parents m’ont toujours parlé en espagnol et se sont efforcés pour que je ne le mélange pas au français, comme cela arrive souvent dans les familles d’immigrés. Quand j’avais environ trois ans, je pensais que le français était la langue de la crèche et l’espagnol, celle de la maison.
Ce mythe s’est effondré le jour où j’ai entendu une mère parler à son fils en français !
Au niveau du coût de la vie, comment était-ce ? Arrivais-tu à t’en sortir avec le salaire ?
Le salaire de 700 euros par mois peut paraître misérable pour certains. Toutefois, il faut savoir que les assistants travaillent douze heures par semaine, et qu’ils bénéficient d’une énorme flexibilité dans cet horaire déjà restreint.
En effet, s’ils veulent s’absenter quelques jours pour une raison quelconque, il est très facile de s’arranger avec les professeurs à l’avance pour récupérer ces heures de travail à un autre moment. Par ailleurs, il est tout-à-fait possible de cumuler cet assistanat avec un autre travail afin de compléter son horaire.
La plupart des assistants de langue font des heures supplémentaires dans des académies ou lors de cours particuliers. En Espagne, de nombreux parents désirent que leurs enfants soient soutenus par un natif de la langue enseignée à l’école, parfois plusieurs heures par semaine.
Pour finir, il faut dire également que l’Espagne est un pays très bon marché, et qu’une chambre dans une colocation coûte en moyenne 150 euros par mois, à l’exception des grandes villes comme Madrid ou Barcelone.
Personnellement, j’ai pu mettre suffisamment d’argent de côté chaque mois, sans me priver de faire la fête et d’explorer la région quand je le voulais!
Combien de temps as-tu passé en Espagne ?
J’ai fait trois années d’assistanat (peut-être y aura-t-il une quatrième ?) à des endroits différents en Espagne. Chaque année académique dure huit mois pour les assistants : on commence notre contrat le 1er octobre et on termine le 31 mai.
À quels endroits t’es-tu établis ? Peux-tu nous y décrire l’ambiance et nous dire quelques mots sur chacune des trois destinations ? Laquelle as-tu préférée ?
J’ai vécu la première année à Murcia, dans le sud-est de l’Espagne. L’ambiance y est très méditerranéenne: il ne pleut presque jamais, ce qui incite les gens à passer la plupart du temps hors de chez eux.
Quand le travail se termine, tout le monde se retrouve aux terrasses des bars et restaurants pour déguster des tapas, zacousquis espagnols, et boire des cañas, verres de bière.
La deuxième année, je suis passé à l’autre extrême: j’ai vécu à Pontevedra, en Galice, dans le nord-ouest. Contrairement à la région de Murcia qui est très aride, la Galice est entièrement verte et boisée, et il pleut énormément (autant qu’en Belgique !). L’ambiance est plutôt celtique, et les gens aiment se retrouver dans les tavernes en pierre gris pâle. Les Galiciens sont très fiers de leur région, et parlent leur propre langue, sorte de mélange entre l’espagnol et le portugais.
Pour finir, j’ai vécu la dernière année à Ceuta, enclave espagnole au Maroc. L’ambiance est très particulière: la moitié des habitants sont d’origine espagnole, dont beaucoup de militaires et de fonctionnaires qui gagnent très bien leur vie. L’autre moitié sont d’origine marocaine et parlent leur propre dialecte arabe, le dariyah.
Une enclave espagnole au Maroc, je l’ignorais complètement. Comment était-ce au niveau du mélange des cultures ?
On présente souvent Ceuta comme une ville multiculturelle, car on y trouve les communautés majoritaires chrétienne et musulmane, ainsi que les communautés minoritaires hindoue et juive, qui coexistent dans ce territoire restreint.
Cependant, je ne dirais pas qu’il y a un véritable brassage culturel : ces communautés vivent en paix mais ne se mélangent pas pour autant. D’ailleurs, la plupart des habitants d’origine espagnole à Ceuta ne s’intéressent pas au pays voisin, le Maroc, qui se trouve à seulement dix minutes du centre, et nombreux sont ceux qui n’ont jamais traversé la frontière !
C’est également la porte d’Europe en Afrique : de nombreux immigrés subsahariens tentent de franchir la frontière de façon illégale à la recherche d’un avenir meilleur, que ce soit en escaladant le haut mur de barbelés, en nageant dans la mer méditerranée ou en navigant sur un bateau clandestin.
Ceuta est une ville extrêmement intéressante d’un point de vue socioculturel : dans ce petit territoire isolé vivent des personnes ayant des cultures et des destins radicalement opposés.
D’un côté de la ville, les fonctionnaires et militaires qui gagnent le double du salaire par rapport au reste de l’Espagne ; de l’autre côté de la ville, les immigrés africains qui ont réussi à franchir la frontière et qui sont en attente des papiers qui leur permettront de traverser le détroit de Gibraltar…
La rencontre était-elle facile durant tes séjours en Espagne ?
Pour moi, cela a toujours été très facile de me faire des amis en Espagne : immédiatement, j’ai pris contact avec les autres assistants vivant dans la même ville, la plupart étant d’origine américaine.
À ce groupe d’amis viennent souvent se rajouter les Erasmus ou ceux qui font leur service volontaire européen. Et puis, il y a bien sûr les Espagnols qui sont réputés pour leur accueil chaleureux et leur grande sociabilité.
En as-tu profité pour explorer et découvrir certaines villes ou régions ?
Bien sûr ! Presque chaque week-end, je partais en excursion découvrir certains jolis coins de la région où je me trouvais.
Quand j’étais à Murcia, j’ai exploré un maximum les plages qui sont encore assez sauvages et préservées du tourisme de masse qui a envahi la zone méditerranéenne espagnole.
En Galice, j’ai fait pas mal de randonnées dans les forêts et visité les petits villages aux maisons traditionnelles en pierre. J’ai également traversé plusieurs fois la frontière avec le Portugal, qui était assez proche.
Tandis qu’à Ceuta, j’en ai profité pour me rendre aux plus beaux endroits du Maroc, allant des montagnes du Rif jusqu’au désert du Sahara.
As-tu eu des difficultés diverses d’adaptation ?
Non, seulement quelques difficultés avec l’administration espagnole qui est toujours un peu chaotique… Mais on finit par s’y habituer.
J’étais également un peu surpris au début de l’attitude très familière des élèves envers les professeurs, qui parfois se lèvent sans demander la permission ou qui interrompent très facilement la classe pour des futilités. Mais les élèves sont en général très sympathiques, et j’ai vite relativisé ces petits écarts de discipline.
Que retiens-tu particulièrement de ton expérience d’enseigner le français en Espagne ?
Les amitiés que j’ai nouées… Même si la distance me sépare des amis que je me suis fait, je garde toujours contact avec eux et je continue à voir certains d’entre eux à différents endroits du monde. J’espère que cette tradition va se perpétuer encore longtemps !
Que dirais-tu à quelqu’un qui voudrait partir vivre la même expérience ?
Je dirais qu’il ne faut absolument pas rater cette expérience, qui permet de s’enrichir à tous les niveaux : professionnellement (du moins si l’on veut se destiner à l’enseignement des langues), socialement (on rencontre tellement de gens différents, dont certains deviennent forcément de très bons amis) et culturellement (on s’ouvre à de nombreuses réalités culturelles qui ne se limitent pas toujours à l’Espagne), tout en s’amusant tous les jours.
Et, la cerise sur le gâteau, c’est qu’on revient en Belgique avec de l’argent de côté !
Penses-tu partir de nouveau vivre cette expérience et aimerais-tu faire cela dans d’autres pays ?
Oui, je considère la possibilité de refaire cette expérience une quatrième année (on peut le faire pendant cinq ans d’affilée). Mais, d’un autre côté, je songe petit à petit à quitter l’assistanat pour me lancer dans une carrière de professeur à temps plein… C’est un pas difficile, car être assistant te laisse beaucoup plus de liberté et de temps libre pour expérimenter d’autres hobbies.
Je postule parfois pour travailler dans les Alliances Françaises d’autres pays, notamment en Amérique Latine ou en Asie. Ainsi, je reste ouvert au monde entier.
Que prévois-tu de faire durant tes prochaines années ?
J’hésite encore entre m’installer en Belgique où j’ai ma famille et mes amis d’enfance et de l’université, en Espagne où j’ai de nombreux amis que j’ai connus lors de mes années d’assistanat, ou d’aller vivre sur un autre continent pour continuer à explorer mes deux grandes passions : les voyages et les langues étrangères.
Merci Daniel pour le temps que tu m’as accordé pour cette interview. Tu as vécu une expérience très riche que tu racontes de façon très intense. Nul doute que cela donnera des idées à certains pour enseigner le français en Espagne.
Bonne chance pour la suite de tes aventures. Je suis d’ailleurs curieux, comme les lecteurs, de connaître la suite pour toi. Tiens-nous au courant.
Oui enseigner les langues à l’étranger est une manière de voyage utile. De nombreux pays via des associations ou écoles de langues vous accueillent avec une formation style TEFL ou TESOL (120 heures sur internet) et tout de même un bon niveau de la langue en question. Bien -sûr beaucoup de demandes pour l’anglais. Bonne route! Philippe
Salut Jenny! Non, il ne faut pas avoir de cursus en langues pour faire assistant de français à l’étranger, mais il faut une connaissance minimale de la langue du pays. Si tu es intéressée, tu as toute l’info ici: http://www.ciep.fr/assistants-francais-a-letranger
Bonne continuation !
Intéressant, mais ce genre d’expérience n’est accessible qu’à ceux qui ont le cursus qui va bien, non?! En tout cas, je comprends vraiment le choix de l Espagne!!