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« J’ai appris cela, j’ai lu cela, et je me questionne… Tu sais, il paraît que le voyage est terminé. Oui, tu vois, ce voyage, ce mot qui nous faisait rêver rien qu’en le prononçant. 

Voyage ! « Voyage voyage » comme le disait si bien Desireless (voilà, je l’ai placé, tu es content ?).

Le voyage, ce terme si évocateur qui sent bon l’évasion. Je pense au mot voyage, et je me vois déjà, non à l’autre bout du monde, mais juste quelque part, quelque part ailleurs plutôt qu’enfermé dans cet appart’. 

Le regard posé vers mes fenêtres, je ne vois rien d’autre que le ciel bleu et des pigeons, ce pourrait être pire tu me diras, le ciel pourrait être gris ! Sur mon bureau, je regarde ma jolie peluche « Monsieur Sweden » que j’ai ramené de Suède après mon trek d’un mois en pleine nature. Une sorte de symbole qui sent à nouveau bon l’évasion.

Ah la nature, ah l’évasion… Je me souviens qu’il y a peu de temps encore, je dormais au beau milieu des montagnes et des animaux sauvages. Que c’était bien ! Quel bonheur cela me procure à chaque fois que j’y repense. 

Ah le voyage, ce déplacement dans l’espace à la découverte du monde. Ce besoin non-essentiel à la vie de tous les jours et qui pourtant est si réconfortant.
Ah le voyage, ce bonheur, cette passion qui est dévorante et qui a été la seule chose réussissant à m’enlever cette timidité maladive que j’avais lorsque j’étais ado’. Il faut bien le dire, voyager en solo et devoir se débrouiller… on ne peut imaginer meilleur remède pour apprendre sur soi-même.
Ah le voyage, ce bien de consommation qui est devenu un fléau pour l’environnement par notre utilisation abusive.

 

Le voyage est terminé ! Oui, en ce moment même, il est à l’arrêt, je joue de cette nostalgie et écoute « On The Nature Of Daylight (Entropy) », cette musique que j’apprécie tant et qui parsème mes oreilles en écrivant ce texte sans savoir vers où il me mènera. Pourquoi pas après tout ? Pas besoin de tout penser à l’avance.

 

Confinement, être confiné. À présent, je tape des milliers de mots chaque jour sur mon clavier et je lève les yeux vers les photos imprimées quelques mois avant ce confinement. Je les regarde et je m’évade. Un lac, des sapins, un peu de neige, les couleurs automnales laissant place aux couleurs hivernales. Puis bon, quand je ne tape pas sur ce clavier, je monte le film d’aventure qui me remémore d’incroyables souvenirs de ce trek. Désormais, c’est le printemps !

Ah le voyage est-il terminé ? Il paraît ! Les gens n’ont plus la tête à cela, comment avoir la tête aux voyages quand des milliers de personnes meurent chaque jour du covid-19, quand on peut avoir peur pour ses proches. Ah le voyage ! Dehors, je vois quelques toits, je n’ai pas de vis-à-vis avec la rue, je ne peux même pas voir des gens passer mais je pense déjà à l’été, pour ensuite laisser à nouveau le cycle des saisons se dérouler.

Il y une année encore, je vivais en Wallonie et je marchais sur le RAVeL, je prenais plaisir à m’en aller enchaîner les pas, enchaîner les kilomètres et marcher jusqu’à 45 kilomètres du matin au soir sur les bords d’un fleuve ou sur les bords d’une ancienne ligne de chemin de fer.

Marcher et encore marcher. Aujourd’hui, je ne peux que monter l’escalier de cet appartement en duplex, puis de les redescendre et à nouveau les monter. Pour les jours un peu plus sportifs, je peux même descendre et monter trois étages juste pour ouvrir la boîte aux lettres.

Pour voyager, j’ai trouvé la solution, installer ma tente dans le salon. En fait, il faut dire que cela prend trop de place, j’ai du la replier. Bien que cela ait laissé place à quelques délires si réconfortants. Un simple vis-à-vis entre nature et domicile, une simple mise en place d’un Appart’Trek.

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À Nancy, là où j’habite à présent depuis janvier de cette année, voilà plusieurs semaines que je vois un balai d’hélicoptères me survoler. Ah les patients atteints de ce coronavirus, cette belle saloperie de virus venue de loin car l’être humain ne peut s’empêcher de rogner peu à peu l’espace qui était octroyé aux animaux. Année après année, ils ont de moins en moins d’espace. Peu importe où nous nous trouvons sur la planète, nous, les Humains, nous prenons encore un peu plus, toujours plus, et nous détruisons tout ce que nous touchons.

Il est beau de voir le retour de certaines espèces s’approprier nos espaces publics. Si seulement cela ne cachait pas un certain mal-être de certaines espèces habituées à être nourries par la main de l’homme et qui finiront pas s’éteindre par manque du nourriture.

 

Ah la musique passe sur du Vivaldi avec « Les quatre saisons » (Violin Concerto No. 4 in F Minor, RV 297 « L’inverno »: III. Allegro).

 

Avant que ce confinement ne survienne, je m’imaginais déjà voyager mais il paraît que c’est terminé. Je pensais peut-être repartir marcher, tout là-haut en Laponie, et profiter du soleil de minuit sous ma tente. Je pensais même partir durant l’été découvrir une destination en Europe qui me fait rêver depuis des années mais c’est encore loupé pour cette fois. 

De toute façon, je n’ai jamais été très attiré pour partir à l’autre bout du monde pour uniquement quelques jours, il y a tant à découvrir autour de chez soi. En venant m’installer en Lorraine, je me voyais déjà partir découvrir les quelques pépites dont regorge cette région de France. Je m’imaginais mettre les pieds sur une randonnée de plus de 80 km… Mince, ce n’est pas encore maintenant que je vais pouvoir la faire.

Ah le voyage, cette évasion, ce besoin d’aventure, ce périple merveilleux, cette promenade tant désirée, l’exploration souhaitée, l’Odyssée, le voyage initiatique, la traversée… Tant de formes, tant de sentiments s’expriment avec ce simple mot « voyage ».

 

Le voyage est fini ? C’est vraiment la fin ? 

Le monde, quelle fragilité ! J’avais entamé un certain virage avec ce blog, avec une ligne éditoriale précise, je pense que la crise que le monde connaît me réconforte dans le fait d’emmener de plus en plus ce blog vers autre chose. Continuer sur cette lancée, je ne suis pas le voyageur qui prend 50 fois l’avion par an, à vrai dire, je ne le prends même plus depuis plus d’un an (oui je le reprendrai peut-être un jour, je ne suis pas un être si catégorique mais un être de contradiction, comme nous tous probablement…). J’ai envie de voyager autrement, voyager simplement, de donner vie à cette passion mais en continuant à éliminer au maximum mon empreinte sur la planète. Je n’ai pas à m’auto-gratuler ou à jouer la prise de conscience, je suis déjà bien conscientisé et j’applique mes convictions à mes actes depuis plusieurs années. Le végétarisme, le zéro déchet que j’améliore de plus en plus avec l’achat en vrac, privilégier le seconde main, la consommation locale et de saison, ne posséder ni le smartphone dernier cri ni un millier de vêtements, ne pas acheter de voiture mais en louer une à de très rares occasions si nécessaire. J’ai un mode de vie plutôt simple, oui avec mes contradictions, mais je m’améliore un peu plus chaque jour. Je ne dis pas cela pour m’en convaincre, c’est promis, j’apprends réellement tout ce que je peux afin de m’améliorer et être encore plus respectueux envers notre planète.

 

Voilà qu’Olafur Arnalds passe dans mes oreilles avec la version chorale de « Momentary ».

 

Ah le voyage est terminé… Non, mais je sais, il faut prendre son mal en patience. Je suis en vie, je suis en bonne santé, pendant que des gens luttent pour leur survie, pas si loin d’où je suis, un peu partout dans ce pays et dans le monde. Voyager, ce sera pour plus tard. Plus tard… Probablement pas dans quelques semaines mais sans doute dans quelques mois.

Que je rêve de me retrouver dans ce petit café de Nancy que j’ai apprécié pendant plusieurs semaines et où j’allais tapoter mes doigts sur mon clavier pour écrire mon nouveau livre. J’ai hâte de le retrouver mais pas avant la mi-juillet paraît-il.

L’année dernière, je suis allé en Italie, en Suède, aux Pays-Bas, au Danemark, en Suisse, au Portugal,… J’ai bien voyagé, je n’ai pas à me plaindre. J’ai apprécié prendre le temps de m’y déplacer, de prendre des bus et des trains, de faire des rencontres sur un sentier, dans une ville ou bien dans un musée, et respirer à plein poumon de ce plaisir de ne pas être confiné. Ah mais qui pouvait imaginer que quelques mois plus tard nous serions confinés. Qui le pouvait ? Je ne pense pas que je voyagerai à nouveau cette année en-dehors des frontières belgo-française. Mais ce n’est pas grave ! Il y a tant à découvrir, il y encore tant de lieux que je souhaite voir. 

Dans ma vie de confiné, je ne sors au maximum que deux fois par semaine, juste le temps de porter un sac poubelle de temps à autre et aller à la boulangerie pour s’octroyer un petit plaisir, aller dans un supermarché pour quelques courses… et c’est tout ! Je rêve de gambader jusqu’à la Place Stanislas, de m’y asseoir et de rester là pendant de très longues minutes à regarder les gens passer. Juste un rêve qui ne peut encore prendre forme aujourd’hui.

J’ai envie de marcher, marcher, marcher, encore marcher, encore et encore marcher. Juste de faire un peu plus que 54 pas par jour entre mes toilettes, ma cuisine, mon lit et mon canapé. Ah et la douche, je l’oubliais mais j’ai une meilleure hygiène ici qu’en trek… Ouf’ ! Il faut le dire, il faut le dire !

 

Bon, je me remets un coup de « On The Nature Of Daylight (Entropy) » car qu’est-ce que je l’aime ce morceau !

 

C’est certain, je me fous de la chasse aux voyages, des cases à cocher et du nombre de pays à enfiler tel des burgers de fast-food. Je m’imagine juste revoir des canards au bord d’un fleuve alors que je marche et que je souris bêtement. Je rêve de m’asseoir sur un banc ou dans un parc alors que je lis un livre. Ah d’ailleurs, des livres j’en lis pas mal en ce moment… mais bon, certains pourraient dire que j’ai des lectures quelque peu dépressive ! C’est vrai, mais j’apprends, je lis des livres pour mieux comprendre comment et pourquoi l’Humain en est arrivé là aujourd’hui. Ça parle de 6e extinction, d’anthropocène… Que de thèmes joyeux, il est vrai ! Mais j’apprends à quel point le réchauffement climatique était déjà tellement connu dans les années 60’, c’est fou quand on y pense. En-dehors de ça, j’apprends d’autres choses sur la vie des animaux, des arbres, de la nature… Je m’offre tout le savoir de cette nature qui m’envoûte.

Il paraît que le voyage est terminé, peut-être que cette forme de voyage l’est et qu’une autre naîtra. Le voyage est terminé… mais une nouvelle aventure ne fait que commencer ! J’en suis certain ! De toute façon, le voyage de ma vie, est lui, normalement, encore loin d’être terminé.

Bon, je suis convaincu que ce n’est qu’une rumeur, le voyage n’est pas terminé. C’est certain, nous voyagerons à nouveau. Le blog voyage n’est probablement pas non plus tourné vers l’extinction, je l’aime de trop, mais il ne sera plus le même. Les gens n’ont pas les pensées tournées vers les voyages. Je ne peux que le constater au vu du nombre peu élevé de lecteurs depuis plus d’un mois. Pourquoi voyager ? Pourquoi s’en aller loin après tout ? J’ose espérer que le tourisme sera plus responsable, plus local, et que l’avion à outrance sera du passé. J’ose espérer que certains politiciens se tourneront vers des pensées plus écologiques et que la déforestation ou l’utilisation d’énergies fossiles ne seront qu’un vilain passé, que le monde se tournera vers un monde plus low-tech plutôt qu’high-tech… Ah quel utopiste ce Jérôme !

 

Et finalement, tout se termine par « Le temps est bon » (Bon Entendeur / Isabelle Pierre). Étonnant… Étonnant à quel point le ciel est bleu et qu’il va le rester. Mes pensées voltigent vers un sentiment d’apaisement, juste cette forme de bonheur, une sensation d’être heureux et de se voir à nouveau sur les chemins du voyage. »

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